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Le blog du Canada
17 mars 2007

Troubadour...

Un après-midi de cette semaine, je descendais du Centre Culturel où je venais de faire trois kilos de photocopies - (c'est le jour où je fais le grand écart intellectuel; le matin j'explique à des étudiantes l'existentialisme, le structuralisme, la nouvelle critique et la nouvelle vague, et l'après-midi, j'explique en français aux instits comment on fabrique des pompons) - quand j'ai entendu quelqu'un qui chantait et qui jouait de la guitare sur la place de la cathédrale. Je me suis dit que je connaissais cette voix mais je ne savais plus quand et où je l'avais entendue la dernière fois. Il y avait un peu de soleil tiède et donc plein d'Allemands sur la terrasse des cafés, bien qu'il fasse encore frisquet. Je suis restée un moment à l'écouter, ce guitariste qui chantait de sa belle voix un peu éraillée par les cigarettes: "I'm in love with her and I feel fine". De loin, je n'étais pas tout à fait sûre de l'avoir reconnu. Ça faisait tellement longtemps! Mais quand même, cette voix, cette guitare... Alors, j'ai attendu qu'il finisse et je pensais à la chanson de Joni Mitchell: "And he played real good for free"... ensuite, je l'ai observé tandis qu'il passait avec son chapeau entre les tables, et tout à coup, il m'a vue aussi, m'a fait un signe puis il est venu vers moi et je lui ai demandé : Tu me reconnais? "Oui, tu es la copine à J.!" (bon, c'est toujours mieux que rien!) Je lui ai dit que je l'avais reconnu à sa voix et à sa guitare. On a bavardé un peu, il a demandé des nouvelles de J., l'artiste,que je lui ai données et je lui ai dit que je travaillais juste au dessus de la place où il jouait (et donc travaillait aussi). Mais il voulait à présent continuer son tour de terrasse avec son chapeau pendant que les touristes étaient encore là et bien disposés à son égard. En me quittant il m'a lancé : "Ah, c'est génial, nous sommes toujours jeunes!", avec son grand sourire, son bel accent anglais et ses yeux clairs commes des aigues-marines scintillant au soleil. Comme une hirondelle qui aurait refait mon printemps. Oui, Ronny, je l'ai connu peu après avoir rencontré J. ( donc ça va faire bientôt trente ans!). Il était alors amoureux fou d'une belle jeune femme brune un peu distante et ses yeux clignotaient comme les lumières des sapins de Noel quand il prononçait son nom. Déjà à cette époque il gagnait sa vie en jouant de la guitare dans les rues et je crois qu'il aimait bien cette vie de saltimbanque, qu'il aimaiit surtout, par dessus tout, sa musique. Il allait souvent dans les villes suisses pour jouer parce que ça payait mieux disait-il. Sporadiquement, on le voyait de nouveau à F. Mais là, ça faisait bien au moins douze ans que je ne l'avais plus vu. Il a si peu changé. Un peu de gris dans ses boucles blondes,quelques rides de plus au coin des yeux quand il sourit et une peau fragile d'Anglais, un peu rougie par les intempéries, mais toujours semblable à lui-même. Combien de temps encore, nous, les petits cousins des Beatles ferons-nous encore les fous dans les rues en chantant qu'on est toujours jeunes et amoureux? A part cela, il me reste une semaine avant de regagner Monmaquis, je commence à sentir l'air de la liberté et je piaffe d'impatience. Cela va faire bientôt six mois que nous n'y sommes plus allés et c'est vraiment très long. Alors si vous n'entendez pas parler de moi pendant un certain temps, c'est qu'on n'aura pas de connection internet là-bas, je ne sais pas encore si on peut brancher le beau MacBook sur la ligne téléphonique...
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