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Le blog du Canada

24 février 2010

bonjour

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24 février 2010

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24 juillet 2007

Là-bas,la mort vient comme une guêpe

Il y a quelque temps, j'ai lu un article dans le "Spiegel" sur l'au-delà, la vie après la mort, l'âme et le corps, etc... D'abord je trouve assez scandaleux qu'un magazine plutôt rationnel, intellectuel flirte avec ce thème raccoleur pour se faire éventuellement plus de lecteurs. Avec un titre comme : "Pas de vie après la mort? Pas si sûr!", comme le journal est normalement scientifique et rigoureux, on se dit, merde, ils ont trouvé quelque chose! Or, évidemment, pas du tout. Ce n'est qu'une compilation de tout ce que les diverses civilisations ont pu inventer depuis la nuit des temps pour se rassurer à propos de notre disparition, plus les déclarations d'un ou deux illuminés qui assurent qu'ils ont vu "qu'y avait quèque chose". On ne discute pas de la foi. Soit. Mais la foi, je l'ai pas et je serais bien en peine de faire semblant de l'avoir. Je ne crois pas - malgré tout le plaisir que j'en aurais - à la survie de "mon âme". Je m'énerve contre ces dichotomies âme-corps-esprit, qui sont bien pratiques parfois pour expliquer certains états dans lesquels on se trouve. Mais selon moi, sérieusement, mon cerveau ne marche que tant que mon estomac l'alimente, tant que mon cœur pompe le sang, tant que ma respiration lui fournit l'oxygène dont il a besoin. il a beau faire semblant de mener sa petite vie privée là-haut, bien à l'abri sous son crâne, je ne donne pas cher de lui si les autres cessent leur boulot. (Il doit y avoir une fable d'Esope ou de la Fontaine à ce propos?) Quant à l'âme... j'en parle pourtant parfois, aussi pour exprimer des états (d'âme!) des sentiment qui semblent jaillir de nulle part, des trucs merveilleux qui vivent en moi, autour de moi, des paysages irréels, des mots étonnants, des histoires magnifiques dont je ne sais pas trop d'où ils peuvent bien venir. Je suis d'une admiration sans bornes pour tout ce qui peut sortir d'un cerveau (quoiqu'il puisse aussi former des choses extrèmement noires). Mais quand l'influx électrique cessera d'y passer, il ne sera plus que matière, comme un ris de veau, une cervelle d'agneau, un tas de neurones sans connections qui se désagrègeront bien vite, alors ne me parlez pas d'une âme qui s'envolerait miraculeusement de mon corps à ce moment-là! Elle n'y habite que parce que j'ai un corps. Il y a des influences réciproques et perpétuelles entre mon corps et mon cerveau, mon corps pense aussi et me fournit toutes les infos possibles sur ce monde grâce à mes cinq sens qui ne cessent de l'explorer. C'est cela qui est magnifique, inexplicable, miraculeux. Pourquoi aller chercher plus loin? Je butte un peu lorsque j'essaie de définir ce que j'entends par âme. Catherine Pozzi a essayé de la définir scientifiquement, mais ça ne m'a guère convaincue elle a appelé ça Peau d'âme). Cependant, je ne suis ni cartésienne ni totalement rationnaliste. je ressens de manière très aigüe le mystère que représente notre existence. Incompréhensible qu'il y ait de la vie, des sensations, de la réflexion, des sentiments. Etonnement sur le monde. Incompréhensible et merveilleux. Question classique : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? Et surtout pourquoi avons-nous la chance d'en être témoins? Quand j'étais petite, non, pas si petite, quinze ans? je m'étonnais déjà, me disant que j'aurais pu naître caillou ou barreau de chaise, mais que j'étais née humaine, que mes mains touchaient, mes yeux voyaient et mes oreilles entendaient... et ma tête malaxait tout cela sans répit et s'étonnait! Quelle chance! Quel hasard incroyable! Et le connard qui me dit que nos sens nous trompent, qu'il aille au diable tout de suite ou qu'on lui crève les yeux et les tympans, il verra si c'est plus marrant sans nos"sens qui nous trompent"! Je suis aussi attachée à mon corps qu'à mon esprit, et je trouve l'idée de la mort, comme tout le monde, terrible à accepter. Dans un livre qui vient de paraître et dont parlait aussi le Spiegel dans le même dossier, un vieux monsieur italien parle avec son fils et dit qu'il se réjouit de quitter bientôt son corps, car celui-ci ne tient plus debout, est soumis à l'affront du temps, tombe en ruines. il le ressent plus comme une cage, une prison que comme une aide pour l'esprit, qui lui, est resté intact, presque juvénile. Je peux très bien comprendre cette position aussi. Mais l'esprit ne s'envolera pas. Il disparaitra avec le corps. D'ailleurs, ça n'a pas l'air de l'émouvoir outre-mesure. Quand on pense à tout ce qui est mort depuis le début du monde, ce dernier est un gigantesque cimetière, nous dansons sur des os, dit-il... Donc, il consent à retourner à la matière (pour moi, redevenir chaise ou caillou). Il consent, c'est ça le mot. Il existe peut-être un moment où l'on consent, sans trop de regrets, quand on a bien vécu qu'on a accompli beaucoup de choses, à sa façon, à son degré propre, et on sent que ça y est, que la cloche de la fin de la récré a sonné, faut y aller, bon! Mais évidemment, on n'en est pas encore là tant qu'on est en plein dans la vie et que le corps est en relativement bon état de marche. Lu dans le "Zeit", à propos d'un jeune soldat allemand revenu d'Afganistan : "Là-bas, la mort vient comme une guêpe." Il fait beau, tu bois ta bière er bzzzzz, pique! Elle est tombée sur toi. Pas le temps de consentir, tu tombes, c'est tout. Bon, c'est bien sérieux pour un dernier message avant départ en vacances, mais ça tombe comme ça...Ça ne veut pas dire que je suis triste, au contraire, je suis très contente d'aller voir enfin là-bas s'il fait un tout p'tit peu plus chaud qu'ici. C'est un thème que je veux poursuivre, un jour ou l'autre, en rapport avec un autre article à propos de "doping des corps, doping des cerveaux". Est-ce que par la science on peut améliorer nos performances psychiques, intellectuelles et ce que cela peut impliquer par rapport à ce que nous pensons être nous-mêmes. C'est un sujet qui me hante beaucoup en ce moment, mais je suis sûre que j'aurai aussi plein de belles choses à raconter sur Monmaquis entre temps! Alors, à bientôt, mais peut-être seulement à septembre, ça dépendra de ma bienheureuse paresse estivale!
17 juillet 2007

Journées d'Ambérieu

Comme Emma B., comme quand on revenait du bal à quinze ans, des étoiles plein les yeux, des histoires plein la tête, des souvenirs, des nostalgies, des regrets d'un passé encore si proche, où la vie ait pu être pour une soirée si riche, si palpitante, si étonnant. Et à présent, tout était fini, Cendrillon retirait ses bottines, la belle robe retournait sur son cintre et dans le silence revenu, la solitude était étrange, presque insupportable. Heureusement, y avait les copines qui avaient été témoins et avec qui on pouvait, grâce à la discussion, prolonger encore de quelques heures l'illusion du vertige de la fête. Bavardage joyeux de trois oiseaux rentrés dans la volière après une escapade merveilleuse. La différence : à quinze ans, quand le bal était terminé, on se parlait évidemment des amoureux, des cavaliers qu'on avait eus, de leurs mérites (ou démérites) respectifs Oui, il était beau, confirmait Nadine. Non, je n'ai pas de rendez-vous, déplorait Sylvie. C'était Eros qui s'éveillait, au son des guitares, des accordéons et de la voix inoublable de Nono, le chanteur des Blue Boys. Je dirais qu'en rentrant dAmbérieu, il s'agit plutôt d'une sorte d' "Agape" (par opposition à Eros) qui me saisit chaque fois :une sorte de sentiment d'amour universel, de proximité avec ceux que justement on appelle si souvent "prochain" et qui nous sont en fait dans la vie courante plutôt "lointains". Si peu de choses amères, méchantes à dire quand on revient d'Ambérieu, mais plein de choses à méditer à propos de toutes ces histoires qu'on a croisées, toutes ces vies qu'on a frôlées, un peu comprises, un peu partagées. Non, même en cherchant bien , je ne saurais que dire de méchant. Je pense à ce thème : être méchant, acide, acerbe, ironique, pour faire l'intéressante, pour piquer la curiosité des lecteurs. Ben non, j'y arrive pas et j'ai pas envie. Peut-être suis-je aveugle ou n'y vois-je que d'un œil? Je pense à cela parce qu'on a beaucoup parlé d'auto-censure. De choses dangereuses que certains mettraient dans leur blog afin d'affronter la célèbre corne du taureau, voir si quelqu'un de connu passe, se reconnaît, se rebiffe. Evidemment, on peut dire que je me censure parce que je ne marque jamais je crois (?) X m'emmerde, même si ça arrive vraiment que X m'emmerde!. Mais c'est pas ça que j'ai envie de communiquer. Et tant pis si je perds une occasion de faire rire tout le monde... C. a écrit à mon propos : elle recherche l'harmonie. C'est sans doute un peu vrai, pourtant j'ai appris à ne plus me laisser marcher sur les pieds, j'évite si possible les affrontements directs, je préfère désamorcer, mais quand j'éclate, j'éclate et certains se sont retrouvés bien étonnés quand c'est arrivé. Comme Mr Darcy : "One could call me resentful. I cannot easily forget the follies of others. My good opinion, once lost, is lost forever." Mais dans ce cas-là, j'évite ensuite de fréquenter la personne. Comme je dérive! Tu n'as rien vu à Ambérieu? Si, j'ai vu des femmes qui ont écrit de beaux textes à partir des tableaux que je leur avais proposés (Noces paysannes de Brueghel, Benedicité de Chardin) ou dans l'atelier auquel j'ai moi-même participé à propos du rôle de la mère nourricière, dans ce que cela peut avoir de positif ou de menaçant. (Je me suis rendu compte alors comment j'avais oublié que ma propre mère ne savait guère exprimer d'amour que par sa fonction nourrricière) J'ai mangé des gâteaux supercallifragillistiquexpédidélicieux. Le thème des rencontres était :nourritures, et ça, je le savais déjà que je suis une incroyable gourmande! On a bien ri, blagué et discuté avec C. , M. et D., l'homme qui nous a véhiculées avec tant de gentillesse chaque jour de l'hôtel à l'Espace 1500 et vice versa. Et puis, et puis, et puis, tous les petits morceaux de conversation que je garderai pour moi (ah, ah, ah, censure!) anodins, amicaux, tendres, profonds, drôles, tristes, intéressants.... tout ça, comme après le bal des quinze ans reste à repenser, se retriture pendant des jours encore bien après que les flonflons du bal se sont éteints. des nouvelles idées, un nouvel élan, une nouvelle envie de continuer encore ce travail d'écureuil qui ramasse ses noix d'écriture et qui les cache un peu partout pour des jours de disettes éventuelles. Même si des fois, il oublie où il les a cachées, ça ne fait rien, à la place oubliée poussera un bel arbre! Encore une semaine avant le départ estival pour Monmaquis. J'essaierai de donner des nouvelles encore une fois, parce qu'après ce sera sans doute régime sans internet pendant quelques temps...
30 juin 2007

Au lecteur d'Estonie

Le 26 juin, l'automne est déjà revenu. On trouve des champignons, l'air est froid, on a envie de manger de la soupe. Ya plus d'saisons, ma brave dame... Le dernier numéro de La Faute à Rousseau était donc consacré à Internet et moi, ou moi et Internet... j'y ai lu avec intérêt tout ce qui concerne le blog. Beaucoup des gens écrivant des blogs se font plus ou moins les mêmes réflexions que moi, en ce qui concerne l'intimité, l'exposition de soi, les lecteurs potentiels, connus ou inconnus... Pour moi, le blog n'a jamais été destiné à être anonyme. J'avais décidé de le commencer en partant au Canada, for the fun of it et pour voir si j'étais cap de le faire, mais aussi pour donner des nouvelles à un certain nombre de personnes connues à qui j'avais communiqué dès le début mon adresse. Mais à part Tiggerdan qui a communiqué avec moi pendant tout le temps du voyage, les gens "connus" n'ont presque pas réagi. Peut-être que j'emmerde le monde? Je comptais sur une sote d''interactivité, de feedback. Mais Tiggerdan suggère que c'est parce que la plupart des gens ne sont pas parfaitement à l'aise avec ce média. (Mais moi non plus, en fait!). Parfois, des inconnus se manifestent pour dire qu'ils partagent tel ou tel point de vue. Ça fait plaisir. Par contre, les "connus" veulent bien prendre connaissance de ce qu'on dit, mais eux n'ont aucune envie de s'étaler sur le net, ce qui est après tout leur droit le plus strict! Peut-être un problème de temps et de priorité aussi; ça prend du temps, d'ècrire. Je le fais parce que pour moi, écrire n'est jamais du temps perdu, plutôt du temps gagné, mais là aussi je conçois que l'on puisse penser autrement. De toutes les modalités possibles pour utiliser le Net, c'était celle qui me convenait le mieux (ainsi que les courriels, évidemment), pas le tchat, pas le forum, mais la continuation du journal sous une autre forme. Car dans le blog on doit apprendre à penser davantage au lecteur potentiel. Composer une entrée, me demander ensuite, au moment de choisir un titre de quoi ai-je voulu parler? Ce que je n'ai pas à faire dans le journal, je me comprends, ou alors , plus tard, me relisant, je me surprends! C'est moins bric à brac, plus construit. Mais les deux modes d'expression ne s'excluent jamais. Il n'y a pas très longtemps que je sais en retour espionner mes lecteurs en cliquant sur statistiques. Ça me laisse parfois tout étonnée : combien de lecteurs par jour, combien sont revenus plusieurs fois, combien de passants sans retour. En fait internet est un grand mouchard! Depuis que je suis rentrée du Canada, je n'écris plus beaucoup, juste une ou deux fois par mois, pour ne pas "ressasser", justement, car la vie quotidienne n'offre pas tant de moments intéressants et aussi parce que le temps manque. (A propos, J. et moi, on essaie à nouveau de trouver un moyen de s'évader, et donc il se pourrait qu'il y ait un nouveau blog d'Australie... ou de France un de ces quatre) Et pourtant, fidélement, étrangement, inexpliquablement chaque jour apporte son lot de lecteurs qui atterrissent sur ces pages. Comment les ont-ils trouvées? Il y a une rubrique mots-clés par lesquels certains arrivent. Ça, je suis encore trop nulle pour en comprendre le fonctionnement, mais je trouve ça assez vertigineux comme idée. Et le plus drôle, c'est le classement par pays, la plupart des lecteurs viennent de France, d'Allemagne et du Canada, c'est logique, mais aussi Belgique, MarocEtats-Unis, etc. Et un/une lecteur/trice d'Estonie. Ça me rend toute rêveuse. Lecteur/trice d'Estonie, je te salue, te remercie de ta visite et je te dédie ces quelques lignes!
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21 juin 2007

Abbraccio d'Italia!

De Nice vers l'Italie Tout le trajet sur cette autoroute à montagnes, à tournants, à viaducs et à tunnels s'est effectué sous la flotte, mais en arrivant à Massa, il y avait un tout petit carré bleu, et à l'horizon, le ciel tout noir, menaçant du prochain orage. De Gênes, j'ai envoyé un texto à S. : On arrive! et elle a répondu OK, on prépare les pâtes! Arrivés à Massa, on a trouvé facilement sa maison. Un copain à elle, R. qui l'aide à réaliser ses sculptures, est aussi un génial cuisinier. C'est lui qui avait préparé la pasta avec une sauce doucement pimentée aux fruits de mer, puis un filet de poisson à la sauce moutarde et une salade. On a dégusté tout ça avec du bon vin blanc, tandis que le xième orage se déversait sur Massa. Le soir, S. nous a emmenés à Serravezza, un village où se trouve une ancienne scierie de marbre dans laquelle s'est installé un couple de sculpteurs qui ont aussi une immense galerie dans les sous-sols. C`était le dernier jour d'une exposition collective dont le thème était "érotisme et nourriture" (à l'APA on n'a pas osé, ce sera seulement "nourritures" en juillet!) et donc cela se terminait par une fête. Chacun avait amené à manger et à boire, des Argentins experts faisaient rôtir de la viande sous une grande bâche. Il y avait des performances, dont une effectivement particulièrement érotique, dans l'atelier, dans la galerie en arcades au sous-sol, beaucoup de monde, des chiens et des enfants qui couraient partout. Seule ombre au tableau, après l'orage, le temps était frais et couvert, avec quelques petites gouttes de temps à autres et je grelottais de froid dans mes petites chaussures et ma petite veste. Heureusement, un orchestre rock s'est installé dans l'atelier de découpe du marbre, et bien qu'un peu crevés, on s'est mis à danser avec enthousiasme sur I can't get no satisfaction et autres succès d'un autre âge, de notre âge! Le lendemain S: nous a emmenés faire un tour pour découvrir sa région, c'est à dire la région du marbre de Carrare. De loin, ces montagnes blanches aux formes bizarres ont l'air recouvertes de neige. De près, les découpes géométriques dans le marbre blanc les transforment en paysages, en villes, en chateaux oniriques. On a d'abord visité les carrières extérieures. (C'était dimanche, ils ne travaillaient pas) Puis ces cavernes carrées gigantesques qui ressemblent à des cathédrales taillées à même la terre. On y est à peine haut comme la roue d'une pelleteuse qui elle-même semble un jouet miniature dans cet environnement. Les boutiques qui vendent des souvenirs, c'est "Oberammergau en marbre" dit J. Après, on est montés très haut dans les montagnes qui dominaient certaines de ces carrières, avec des vues magnifiques et lointaines, des silences et des cris d'oiseaux, un vieux berger qui ramasse des champignons, des sentiers de randonnées qui serpentent au-delà des carrières blanches, béantes... Ensuite, visite d'un vieux village perché, Fosdinovo, où on a pris une bière et S. a voulu nous faire voir aussi un peu la côte, du côté de Lerici, La Spezia et Porto Venere. Côtes escarpées, découpées qui plongent à pic dans la mer bleu pur, puis descente à pied vers Punta Bianca, tout près du bord de l'eau où l'on s'assied un moment pour regarder le soleil descendre dans la mer. Le lendemain S. avait du travail, une sculpture à terminer, alors on s'est baladés seuls, d'abord dans le centre de Carrare, jolies rues, jolies places, belle cathédrale, mais tout autour vrombissent sans cesse les camions qui transportent vers le port ces énormes blocs blancs qui me font penser à des mottes de beurre. Il paraît que Carrare est le berceau de l'anarchisme italien (c'est vrai, j'ai vu plein d'affiches anarchistes partout!), que les travailleurs du marbre sont super organisés, qu'ils se font respecter et bien payer pour leur travail extrément dangeureux. Ville sympathique. Après, comme il faisait beau, on a voulu voir la mer à Marina di Pietrasanta, qui est un village de fonderie de bronze. Nouvel obstacle à mes envies de mer: les plages payantes! Dix ou vingt euros pour avoir droit à un parasol, deux chaises longues et une piscine, non merci, je suis pas venue pour ça! Après moult interrogations et recherches, on finit par trouver la "free Beach" qui fait 25 mètres de large et où s'entassent les touristes allemands et autres qui n'ont pas l'habitude de payer pour aller à la mer. Ça me rappelle les rives du Saint-Laurent. Mais les Italiens ont l'air de trouver ça normal, ces kilomètres de chaises longues alignées comme des petits soldats. Cependant, j'ai enfin pu me baigner et j'en ai bien profité, ensuite on a visité le centre de Pietrasanta, on a bu une bière en regardant la jolie place, l'église et son campanile de briques rouges. Les places italiennes donnent toujours un sentiment fantastique de grand espace généreux, même si tout est petit autour. On est rentrés tard, S. aussi, elle avait des problèmes avec sa sculpture, et le lendemain midi nous avons repris la route pour rentrer chez nous. Petite halte à Menton entre deux averses, un beau rayon de soleil, et hop, je replonge dans la mer! Et puis il restait quatre jours tranquilles dans Monmaquis, dont une journée superbe de balades et de baignades avec M. et L. La chatte est encore enceinte, on ne sait pas ce qu'elle a fait de sa première portée. Le rouge-queue en est également à sa deuxième couvée, squatte l'atelier de J. er rouspète à chaque fois qu'on y entre. La huppe a fait son nid en dessous de la terrasse des Danois, on l'observe à la jumelle, un joli chapeau sur la tête, un long bec pointu, et rayée comme un zèbre. Tous les soirs, les martinets jouent au Quidditch comme Harry Potter au ras de notre balcon en poussant des cris de joie. C'est fou le temps qu'on passe là-bas à observer tout ce qui vole. Et voilà. On est même restés une journée de plus parce qu'il faisait enfin beau comme en été, journée passée au bord de l'eau du Luech et on a pu récupérer S. à Grenoble en repartant le dimanche. Ici, ça continue, le régime orage. Le jardin prend des allures de jungle, les courgettes sont géantes et les framboises sucrées malgré la flotte. Je travaille, un peu, beaucoup. Je prépare l'université d'èté qui aura pour thème "la France et ses jeunes". Pour contre balancer, j'ai envie de proposer pour l'année suivante "La France et ses vieux". Je lis la Faute A Rousseau qui vient juste d'arriver et qui parle d'"'Internet et moi" ou "moi et Internet". Ça m'inpire des commentaires. Mais ce sera pour une autre fois...
13 juin 2007

Des nouvelles du Sud

Déjà le 13 juin! On a eu de belles vacances malgré le temps pourri et les orages si fréquents. D'abord la Pentecôte dans Monmaquis tranquille, on a été écouté les jeunes de M. qui faisaient de la Country-music et on a même dansé sur les accords de Fowlsom Prison du bon vieux Johnny Cash. Quelques balades aussi pour se remettre en forme et inspecter nos rivières qui sont en train de se regonfler à vue d'oeil, avec toutes ces pluies violentes de mai et de juin. Ensuite départ pour B. (près de Nice) avec, bien ancré dans ma tête, le sentiment que là-bas, forcément, il fait beau et chaud, donc j'emmène mes petites robes, jupes, t-shirts, etc. Mais à peine arrivés à Nice, l'horizon noircit, les gouttes tombent et ça va s'amplifiant jusqu'à B. où arrivés vers deux heures, on ne sait trop quoi faire. On a passé là beaucoup de vacances autrefois, quand S. était petite. Village perché, jolis cafés, petites placettes, mais tout ça sous une pluis très insistante, c'est beaucoup moins drôle. Pour s'occuper, on se rend à Saint Paul de Vence mais il pleut toujours à seaux et j'ai les basquettes trempées... alors J. se souvient de la miraculeuse recette québécoise: des sacs plastiques dans les chaussures! Je n'ai pas de parapluie, pas d'imper, juste une petite veste en cuir et une casquette, mais au moins, j'ai les pieds au sec. Comme il est déjà 5 heures, on ne visitera pas la fondation Maeght qui ferme à 6 heures, mais une belle galerie avoisinante où on se fait sécher en regardant les oeuvres. Vers six heures, la pluie s'arrête presque, on marche vers le village et J. est écoeuré par "l'art" bidon et le caractère de mauvais musée de ce pauvre petit village. Plus tard, L. qui habite à B. dit que le souci premier de l'équipe municipale de B.(dont fait partie son mari) c'est de tout faire pour ne pas ressembler à Saint Paul, l'exemple typique à ne pas suivre, mais que c'est un combat de toutes les heures, parce que les boutiques de saloperies, y a que ça qui rapporte et c'est très difficile de garder un boucher, un boulanger, une épicerie pour que ce village reste encore un village. Vu le temps, on hésitait entre l'hôtel Formule un et le camping, mais comme il s'était arrêté de pleuvoir on est allé au camping près de la mer, on a monté la tente, on a mangé une pizza dans le vieux village, et dans la nuit il y a eu un petit orage et beaucoup de pluie. Le lendemain matin, visite de la plage aux galets. La mer était très agitée et c'est seulement parce que j'étais très affamée de mer que je me suis jetée dans les vagues et pas pour longtemps car c'était bien frisquet. L'après-midi, on a retrouvé L. qu'on avait pas vue depuis longtemps, alors plein de choses à raconter, évidemment. Elle nous a emmenés faire une petite balade dans un endroit non constructible au dessus de B., très sauvage et d'où l'on découvre, la mer d'un côté et les Alpes de l'autre (quand il n'y a pas de nuages) Ça m'a réconciliée un peu avec la région, mais sinon, vivre dans un tel labyrinthe, étouffé de bagnoles et de constructions partout, Méditérannée ou pas, je me demande si ça vaut encore le coup. Dans les années 80, c'était encore supportable, on pouvait faire du vélo, trouver des petits bouts de routes dans des forêts de chênes verts... mais là, on a l'impression qu'il n'y a plus un pouce de terrain libre. Le soir on est allés boire une bière au pub, ça nous a rappelé nos années communes d'Angleterre. Le lendemain matin, le soleil était radieux, on a déjeuné sur la terrasse, puis on est partis pour l'Italie, et on n'avait pas fait 20 kilomètres que la pluie recommençait à tomber! Tiens, ça me fait plaisir de raconter des histoires de voyages comme ça, ça fait tellement longtemps que ce n'est plus arrivé, ça me rappelle le Québec, les pieds mouillés, les orages, le camping, ah, je referais bien une résidence d'artistes dans les temps prochains ! En attendant, je garde l'Italie pour pour la prochaine fois!
15 mai 2007

On ne parle pas le francophone

Il y a deux semaines j'étais partie faire du vélo dans une belle vallée du Schwarzwald dont je ne connaissais pas le nom, à une douzaine de kms de F. Je m'étais assise sous un arbre un moment pour bouquiner et me reposer, puis quand j'ai voulu repartir j'ai constaté que mon pneu avant était complètement à plat. Comme je n'avais même pas de pompe, j'ai demandé dans la ferme la plus proche s'ils en avaient une, mais la fermière a vu tout de suite qu'une pompe ne suffirait pas, qu'il y avait un gros trou et que l'air sifflait en sortant quand on essayait de regonfler. Elle a appelé son fils qui a démonté la roue, sorti la chambre à air, collé une rustine, tout remonté, mais ça sifflait toujours. Ils ont essayé de changer la valve, ils ont cherché d'autres trous en plongeant la chambre à air dans un abreuvoir. Visiblement c'était plein de trous partout et donc rien à faire pour repartir. Tout cela avait bien pris plus d'une heure et il commençait à se faire tard. Par un hasard heureux j'avais emporté mon portable, ce que je ne fais jamais d'habitude et j'ai pu envoyer un texto à S. : "Pneu crevé, appelle-moi!" Elle m'a rappelé, puis alerté J. qui était dans son atelier pour qu'ils viennent me chercher, mais je ne savais pas où j'étais. La fermière me l'a expliqué, et aussi par où il fallait passer, car les chemins que l'on prend à vélo ne sont pas les mêmes que les routes des voitures. J'ai transmis à S. qui a transmis à J. et finalement ils m'ont trouvée dans ma vallée perdue, et on a été boire un pot sur une belle terrasse ensoleillée. Les gens de la ferme étaient incroyablement gentils, serviables. Pendant que j'attendais, le fils avait fini par dire : Oh finalement, j'aurais pu vous raccompagner à F.! Le temps était magnifique, la vallée toute belle, toute verte et toute fleurie. La belle-fille de la fermière et son petit garçon arrosaient les fleurs. Elle m'a donné un verre d'eau minérale tandis que j'étais assise sur la pelouse devant la ferme, jouant avec un gros chat calin. Juste à côté dans la prairie un jeune poulain encore tout vacillant sur ses pattes s'entrainait à courir autour de sa mère. Ce n'était pas la première fois que je venais là, je viens parfois pour lire ou rêvasse au soleil, mais je n'avais jamais pris la peine de demander comment s'appelait cet endroit. Et maintenant j'ai de nouveau oublié le nom de la vallée! Mais la bonté de ces gens inconnus alors que j'étais vraiment embêtée, ça je ne l'oublie pas. Je n'ai toujours pas beaucoup de temps pour écrire, tant d'autres choses, autres projets, l'activité d'écriture ne peut jamais être concentrée, régulière, c'est toujours à la sauvette, entre deux portes. Ah, le temps du Québec, où je pouvais écrire quand je voulais, tout ce que je voulais, revindra-t-il un jour? Des fois j'ai peur que ma mémoire des mots ne s'efface. Je cherche dans ma tête un mot, une citation, le nom d'un objet, d'un livre, d'un auteur, je ne les retrouve plus, le courant ne passe pas. C'est l'âge sans doute? Pas encore Alzheimer, juste une mémoire trop pleine qui range trop loin les choses dont elle n'a pas immédiatement usage et parfois se trouve prise de court si on lui demande de ramener soudainement un petit mot à la surface. Je me demande si le fait d'avoir les mots en trois ou quatre exemplaires n'encombre pas davantage la mémoire ou si au contraire cette jonglerie permanente entretient les circuits en bon état? (Je pense au français, à l'anglais, l'allemand et accessoirement l'espagnol.) J'ai toujours voulu posséder plein de mots dans plein de langues et quelquefois j'ai peur de finir par en perdre1 Mais je viens de lire dans le Monde Diplo un bel article de _Tahar ben Jelloun qui dit ressentir parfois aussi cette impression qu'un mot lui échappe dans une langue, mais lui revient dans l'autre et qu'ainsi les langues se fécondent les unes les autres, s'enrichissent et se changent subrepticement peu à peu. Il dit : On n'a pas encore inventé la police des frontières pour les mots! (Ben ça pourrait venir avec l'autre andouille!) C'est un article intéressant sur les auteurs de ce qu'il ne veut pas appeler la francophonie, parce que ça a toujours un petit relent colonial, intitulé : "on ne parle pas le francophone". "C'est mieux qu'un simple mélange , c'est du métissage, comme deux couleurs, deux tissus qui composent une étreinte d'un amour infini." En plus, il déplore le manque de moyens dont souffrent les Instituts Français à l'ètranger, parce que la France voudrait bien continuer à "rayonner" mais seulement si ça lui coûte rien, et je ne puis qu'être douloureusement d'accord! Cet article se trouve aussi dans un livre qui s'appelle "Pour une littérature-monde" qui paraîtra fin mai, dont je trouve l'idée intéressante parce que la littérature française me paraît bien frileuse et repliée sur ele-même. Par ailleurs, je lis "Tess of the d'Urberville" en traînant les pieds et même en ruant des quatre fers. Comment peut-on traiter aussi mal une héroine qu'on prétend adorer? il n'est jamais très drôle, Thomas Hardy, mais là ça dépasse les bornes. D'un bout à l'autre du livre, il n'y a pas un moment heureux. C'est noir, noir, noir sans espoir, elle est coincée depuis le début, elle n'a aucune chance de s'en sortir et on dirait même que l'auteur y prend un malin plaisir. Sadisme? Quand je veux me sentir bien, je relis Jane Austen, je peux relire cent fois, je m'amuse toujours. Lui, je le lis par devoir, ça fait des années qu'il est dans ma bibliothèque, j'ai lu presque tous ses autres romans, mais là, malgré ses affirmations contraires, je le soupçonne de hair les femmes. Bon, encore un peu plus d'une semaine et je repars dans Monmaquis... le temps passe vite. En principe on devrait aussi faire un petit tour en Italie pour voir S. qui était avec nous à Saint Jean Port Joli, alors à plus tard des nouvelles du sud, de Marseille, de nice, de l'Italie, et Ciao!
30 avril 2007

Slam au café Atlantik

Une soirée slam a toujours lieu le dernier jeudi du mois au café Atlantik. Avec J. et M.L., on avait depuis l'été dernier le projet d'y assister, mais on ne l'avait jamais réalisé. On avait un peu peur de se faire remarquer comme des vieux de la vieille. D'ailleurs on était sûrement parmi les plus âgés, mais la scène slam est tolérante, et un des récitants était sans doute encore plus âgé que nous. Le café était plein à ras-bord. Il fallait payer trois euros pour entrer, ce qui esr raisonnable. Le public était effectivement plutôt jeune dans l'ensemble. Nous avons fini par trouver un banc (sans table) inoccupé, assez près de la scène légèrement surélevée où devaient se produire les slameurs. Comme on était venus principalement pour entendre les textes, c'était idéal, on a donc coincé nos bouteilles de bière entre nos pieds, puisqu'on n'avait pas de table! Sur le site de la fédération française de Slam, j'avais lu quelques descriptions de la manière dont se déroule ordinairement une soirée slam, donc je savais à peu près ce qui allait se passer. Le maître de cérémonie a pris le micro pour expliquer la procédure : il distribue parmi le public cinq paquets de feuilles et cinq stylos à cinq tables différentes qui feront ce soir-là office de jury. Les slameurs se sont inscrits auparavant sur la liste des participants. Ils ont au maximum sept minutes pour dire leur texte et chaque table-jury devra leur décerner une note de zéro à dix. Ensuite, on procède au tirage au sort pour savoir l'ordre de passage des slameurs. (C'est important parce qu'il est vrai qu'à partir du huitème ou neuvième, on n'a plus la même concentration d'écoute.) Le maître de cérémonie est un jeune homme très dynamique, il possède de l'humour et une tchatche virtuose. il commence par dire un de ses propres textes(hors concours) intitulé WO? (où?), bien rythmé, bien scandé et aussi plein d'humour. Mon impression générale à propos des différents participants: il y a vraiment de tout, du tout-venant parmi eux et c'est de nouveau la tolérance de la scène slam qui fait que l'on accueille tout le monde, que l'on applaudit tout le monde, même si on distribue parfois des zéros - assez mérités, il faut bien le dire! - Depuis cette dame qui visiblement est totalement à côté de ses pompes, mais semble avoir un terrible besoin de se faire mousser en public jusqu'aux véritables "Pros", (pour moi, il y en a 4, sans compter le M.C.) qui font des prestations remarquables. Il y a aussi les "poètes à l'ancienne", qui viennent juste dire leur texte, rimé ou non (sur Tchernobyl, sur un clown triste) et des gens qui, à mon avis, confondent prose et poésie (satire d'un quartier bourgeois, pages tristounettes du journal intime d'un indécis, critique pseudo-intello du phénomène slam) Pour moi, les pros, c'est par exemple ce Thommy qui crache ses mots et fait des bruits curieux avec sa bouche dans le micro et qui choque sans doute, parce qu'à un moment, ilmime une nausée vomitoire, entre deux phrases scandées à un rythme hallucinant. C'est cette jeune fille qui raconte l'histoire d'un amoureux infidèle, sur un rythme haletant, entrecoupé, elle joue son texte avec tout son corps, on est saisi, emporté par sa gestuelle autant que par le texte. C'est le jeune homme qui raconte avec humour comment, après s'être légèrement blessé à la main, il imagine comment le monde entier porte son deuil après sa disparition. C'est très drôle, enlevé, imaginatif. C'est enfin ce duo qui complexifie le jeu en racontant á deux voix une histoire banale de vie dans un immeuble de banlieue. Ils se complètent, se répètent, se renvoient la balle, parlent en échos, forment des refrains, des mots, des phrases qu'on retient. Je les mentionne en dernier, parce que moi, je leur aurais donné la palme. Mais le jury est souverain! ils n'ont pas eu la première place mais étaient très bien classés quand même. (On ne discute pas des notes données) Au niveau de la réception, je dois dire que pour l'auditeur, enfin pour moi, il s'agit d'un phénomène assez nouveau et un peu déroutant. Déjà, écouter de la poésie à un rythme disons normal, c'est toujours un peu dur, car on n'a pas la possibilité de relire, de s'arrêter, de retourner en arrière, de s'interroger, etc... Pendant les vacances de Paques j'ai écouté à Marseille Daniel Mesguisch lire des textes de René Char. La poésie de Char, c'est pas vraiment facile. Alors on cueille, on recueille au petit bonheur-la chance ce qui frappe l'oreille, ce qui peut-être forme un écho dans notre mémoire, des mots isolés, des sons peut-être, une phrase, une idée fugitive, une image fulgurante qui nous traverse et puis qui disparaît. Alors là, c'est la même chose, mais en plus rapide. On n'a plus le temps de s'arrêter aux détails. Comme aujourd'hui dans tous les flots d'informations qui nous atteignent, qui nous traversent, qui nous marquent ou pas, c'est la rapidité qui prime. Il faut donc porter un jugement instantané. Je comprends, je comprends pas, ça me plaît, ça me plait pas... De plus, pour être un slameur, il ne suffit pas d'écrire de bon textes, il faut savoir slamer, c'est à dire être un peu acteur, avoir une bonne présence scénique, pouvoir jouer, mimer éventuellement le texte et être rhétoriquement extrèmement performant. Bien sûr, on a le droit de lire son petit papier, mais celui qui vient les mains dans les poches et dit son texte sans hésiter impressionne bien davantage. Comme je l'avais lu sur le site, il s'agit d'un tournoi, les quatre meilleurs ayant le droit de dire un autre texte, mais je l'avoue, on est partis à la fin du premier round, mis K.O par le bruit d'enfer de la musique pendant les pauses et entr'actes et surtout par la fumée épaisse, auxquels nous, pauvres cinquantenaires, ne sommes plus habitués... J'oubliais: celui qui dit un texte a droit à une bière gratuite! Mon impression d'ensemble: j'étais vraiment très contente d'avoir assisté pour de vrai à une session de slam, tout ce qui avait été dit sur la convivialité, la bonne humeur, la tolérance de ce genre de manifestation, je l'ai vraiment retrouvé là. J'ai entendu des textes moyens, mais aussi de très bons. Bref une expérience positive, et la preuve que les jeunes, certains jeunes, ont encore une maîtrise tout à fait remarquable de leur langue (ici l'allemand) et une aptitude à jouer avec qui me plaît bien. Tout cela me semble plutôt positif. Voilà, j'aurai quand même réussi à écrire une fois au mois d'avril!
17 mars 2007

Troubadour...

Un après-midi de cette semaine, je descendais du Centre Culturel où je venais de faire trois kilos de photocopies - (c'est le jour où je fais le grand écart intellectuel; le matin j'explique à des étudiantes l'existentialisme, le structuralisme, la nouvelle critique et la nouvelle vague, et l'après-midi, j'explique en français aux instits comment on fabrique des pompons) - quand j'ai entendu quelqu'un qui chantait et qui jouait de la guitare sur la place de la cathédrale. Je me suis dit que je connaissais cette voix mais je ne savais plus quand et où je l'avais entendue la dernière fois. Il y avait un peu de soleil tiède et donc plein d'Allemands sur la terrasse des cafés, bien qu'il fasse encore frisquet. Je suis restée un moment à l'écouter, ce guitariste qui chantait de sa belle voix un peu éraillée par les cigarettes: "I'm in love with her and I feel fine". De loin, je n'étais pas tout à fait sûre de l'avoir reconnu. Ça faisait tellement longtemps! Mais quand même, cette voix, cette guitare... Alors, j'ai attendu qu'il finisse et je pensais à la chanson de Joni Mitchell: "And he played real good for free"... ensuite, je l'ai observé tandis qu'il passait avec son chapeau entre les tables, et tout à coup, il m'a vue aussi, m'a fait un signe puis il est venu vers moi et je lui ai demandé : Tu me reconnais? "Oui, tu es la copine à J.!" (bon, c'est toujours mieux que rien!) Je lui ai dit que je l'avais reconnu à sa voix et à sa guitare. On a bavardé un peu, il a demandé des nouvelles de J., l'artiste,que je lui ai données et je lui ai dit que je travaillais juste au dessus de la place où il jouait (et donc travaillait aussi). Mais il voulait à présent continuer son tour de terrasse avec son chapeau pendant que les touristes étaient encore là et bien disposés à son égard. En me quittant il m'a lancé : "Ah, c'est génial, nous sommes toujours jeunes!", avec son grand sourire, son bel accent anglais et ses yeux clairs commes des aigues-marines scintillant au soleil. Comme une hirondelle qui aurait refait mon printemps. Oui, Ronny, je l'ai connu peu après avoir rencontré J. ( donc ça va faire bientôt trente ans!). Il était alors amoureux fou d'une belle jeune femme brune un peu distante et ses yeux clignotaient comme les lumières des sapins de Noel quand il prononçait son nom. Déjà à cette époque il gagnait sa vie en jouant de la guitare dans les rues et je crois qu'il aimait bien cette vie de saltimbanque, qu'il aimaiit surtout, par dessus tout, sa musique. Il allait souvent dans les villes suisses pour jouer parce que ça payait mieux disait-il. Sporadiquement, on le voyait de nouveau à F. Mais là, ça faisait bien au moins douze ans que je ne l'avais plus vu. Il a si peu changé. Un peu de gris dans ses boucles blondes,quelques rides de plus au coin des yeux quand il sourit et une peau fragile d'Anglais, un peu rougie par les intempéries, mais toujours semblable à lui-même. Combien de temps encore, nous, les petits cousins des Beatles ferons-nous encore les fous dans les rues en chantant qu'on est toujours jeunes et amoureux? A part cela, il me reste une semaine avant de regagner Monmaquis, je commence à sentir l'air de la liberté et je piaffe d'impatience. Cela va faire bientôt six mois que nous n'y sommes plus allés et c'est vraiment très long. Alors si vous n'entendez pas parler de moi pendant un certain temps, c'est qu'on n'aura pas de connection internet là-bas, je ne sais pas encore si on peut brancher le beau MacBook sur la ligne téléphonique...
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