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Le blog du Canada
24 juillet 2007

Là-bas,la mort vient comme une guêpe

Il y a quelque temps, j'ai lu un article dans le "Spiegel" sur l'au-delà, la vie après la mort, l'âme et le corps, etc... D'abord je trouve assez scandaleux qu'un magazine plutôt rationnel, intellectuel flirte avec ce thème raccoleur pour se faire éventuellement plus de lecteurs. Avec un titre comme : "Pas de vie après la mort? Pas si sûr!", comme le journal est normalement scientifique et rigoureux, on se dit, merde, ils ont trouvé quelque chose! Or, évidemment, pas du tout. Ce n'est qu'une compilation de tout ce que les diverses civilisations ont pu inventer depuis la nuit des temps pour se rassurer à propos de notre disparition, plus les déclarations d'un ou deux illuminés qui assurent qu'ils ont vu "qu'y avait quèque chose". On ne discute pas de la foi. Soit. Mais la foi, je l'ai pas et je serais bien en peine de faire semblant de l'avoir. Je ne crois pas - malgré tout le plaisir que j'en aurais - à la survie de "mon âme". Je m'énerve contre ces dichotomies âme-corps-esprit, qui sont bien pratiques parfois pour expliquer certains états dans lesquels on se trouve. Mais selon moi, sérieusement, mon cerveau ne marche que tant que mon estomac l'alimente, tant que mon cœur pompe le sang, tant que ma respiration lui fournit l'oxygène dont il a besoin. il a beau faire semblant de mener sa petite vie privée là-haut, bien à l'abri sous son crâne, je ne donne pas cher de lui si les autres cessent leur boulot. (Il doit y avoir une fable d'Esope ou de la Fontaine à ce propos?) Quant à l'âme... j'en parle pourtant parfois, aussi pour exprimer des états (d'âme!) des sentiment qui semblent jaillir de nulle part, des trucs merveilleux qui vivent en moi, autour de moi, des paysages irréels, des mots étonnants, des histoires magnifiques dont je ne sais pas trop d'où ils peuvent bien venir. Je suis d'une admiration sans bornes pour tout ce qui peut sortir d'un cerveau (quoiqu'il puisse aussi former des choses extrèmement noires). Mais quand l'influx électrique cessera d'y passer, il ne sera plus que matière, comme un ris de veau, une cervelle d'agneau, un tas de neurones sans connections qui se désagrègeront bien vite, alors ne me parlez pas d'une âme qui s'envolerait miraculeusement de mon corps à ce moment-là! Elle n'y habite que parce que j'ai un corps. Il y a des influences réciproques et perpétuelles entre mon corps et mon cerveau, mon corps pense aussi et me fournit toutes les infos possibles sur ce monde grâce à mes cinq sens qui ne cessent de l'explorer. C'est cela qui est magnifique, inexplicable, miraculeux. Pourquoi aller chercher plus loin? Je butte un peu lorsque j'essaie de définir ce que j'entends par âme. Catherine Pozzi a essayé de la définir scientifiquement, mais ça ne m'a guère convaincue elle a appelé ça Peau d'âme). Cependant, je ne suis ni cartésienne ni totalement rationnaliste. je ressens de manière très aigüe le mystère que représente notre existence. Incompréhensible qu'il y ait de la vie, des sensations, de la réflexion, des sentiments. Etonnement sur le monde. Incompréhensible et merveilleux. Question classique : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? Et surtout pourquoi avons-nous la chance d'en être témoins? Quand j'étais petite, non, pas si petite, quinze ans? je m'étonnais déjà, me disant que j'aurais pu naître caillou ou barreau de chaise, mais que j'étais née humaine, que mes mains touchaient, mes yeux voyaient et mes oreilles entendaient... et ma tête malaxait tout cela sans répit et s'étonnait! Quelle chance! Quel hasard incroyable! Et le connard qui me dit que nos sens nous trompent, qu'il aille au diable tout de suite ou qu'on lui crève les yeux et les tympans, il verra si c'est plus marrant sans nos"sens qui nous trompent"! Je suis aussi attachée à mon corps qu'à mon esprit, et je trouve l'idée de la mort, comme tout le monde, terrible à accepter. Dans un livre qui vient de paraître et dont parlait aussi le Spiegel dans le même dossier, un vieux monsieur italien parle avec son fils et dit qu'il se réjouit de quitter bientôt son corps, car celui-ci ne tient plus debout, est soumis à l'affront du temps, tombe en ruines. il le ressent plus comme une cage, une prison que comme une aide pour l'esprit, qui lui, est resté intact, presque juvénile. Je peux très bien comprendre cette position aussi. Mais l'esprit ne s'envolera pas. Il disparaitra avec le corps. D'ailleurs, ça n'a pas l'air de l'émouvoir outre-mesure. Quand on pense à tout ce qui est mort depuis le début du monde, ce dernier est un gigantesque cimetière, nous dansons sur des os, dit-il... Donc, il consent à retourner à la matière (pour moi, redevenir chaise ou caillou). Il consent, c'est ça le mot. Il existe peut-être un moment où l'on consent, sans trop de regrets, quand on a bien vécu qu'on a accompli beaucoup de choses, à sa façon, à son degré propre, et on sent que ça y est, que la cloche de la fin de la récré a sonné, faut y aller, bon! Mais évidemment, on n'en est pas encore là tant qu'on est en plein dans la vie et que le corps est en relativement bon état de marche. Lu dans le "Zeit", à propos d'un jeune soldat allemand revenu d'Afganistan : "Là-bas, la mort vient comme une guêpe." Il fait beau, tu bois ta bière er bzzzzz, pique! Elle est tombée sur toi. Pas le temps de consentir, tu tombes, c'est tout. Bon, c'est bien sérieux pour un dernier message avant départ en vacances, mais ça tombe comme ça...Ça ne veut pas dire que je suis triste, au contraire, je suis très contente d'aller voir enfin là-bas s'il fait un tout p'tit peu plus chaud qu'ici. C'est un thème que je veux poursuivre, un jour ou l'autre, en rapport avec un autre article à propos de "doping des corps, doping des cerveaux". Est-ce que par la science on peut améliorer nos performances psychiques, intellectuelles et ce que cela peut impliquer par rapport à ce que nous pensons être nous-mêmes. C'est un sujet qui me hante beaucoup en ce moment, mais je suis sûre que j'aurai aussi plein de belles choses à raconter sur Monmaquis entre temps! Alors, à bientôt, mais peut-être seulement à septembre, ça dépendra de ma bienheureuse paresse estivale!
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