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Le blog du Canada
27 octobre 2005

Mes chers lecteurs-fantômes:-)

Le 25 octobre
Des nouvelles d'Argentine : Nestor Kirschner, le nouveau président vient de gagner des élections nationales. Auparavant, il avait lancé un appel au boycott de Shell en Argentine, qui a été très suivi par la population. Shell a baissé ses prix. Il a aussi menacé Vivendi-Suez des Eaux s'il ne baissaient pas leurs prix. Suez-Vivendi se retire du marché des eaux au profit d'une société argentine.
Quand on veut, on peut!
Dernier jour dans le Loft. Je range, je nettoie, je regarde une dernière fois la mer par la fenêtre. Je dormirai seulement quatre jours dans la maison des artistes.
Aujourd'hui, on a droit à "la queue de Wilma" après celle de Katrina, puis de Lara? Sara? Rita?... j'ai oublié son nom. Le vent le ciel de plomb, les nuages fous, ça sent la neige, ça sent Noel, déjà.
Ce matin comme je n'avais pas le droit de rester chez moi sur ordre de ma propriétaire, je suis allée voir les oies, peut-être pour la dernière fois. Sur mon vélo, j'avais le nez en l'air au bord de la route, tout à coup, juste à côté de moi, j'ai entendu deux détonations. De l'autre côté de la route un espèce de malade  tirait en l'air avec son fusil. Heureusement, aucune oie n'est tombée.  D'ailleurs avec ce qu'on entend sur la grippe aviaire à la radio, c'est dangereux de faire tomber des oies! Mais j'ai plutôt l'impression qu'on est en train de tomber dans l'hystérie collective. Ce ne sont pas les oies qui passent, les migrateurs qui représentent le plus grave danger, mais plutôt les camps de concentration que nous leur avons construits un peu partout à nos pauvres poulets maigrichons.
Je garderai un souvenir émerveillé du silence du calme et de la beauté (Charles Baudelaire dirait: luxe, calme et volupté) de cet endroit où j'ai habité. Malgré les lubies et conduites bizarres des proprios.
Il y a des potirons partout, des lumières oranges dans la nuit et des monstres dans les jardins.Denise Bombardier dit dans son livre "une enfance à l,eau bénite" qu'autrefois, les prêtres réprouvaient cette fête anglicane, mais qu'ils n'arrivaient pas à la supprimer tant les enfants étaient enthousiastes. Ici c'est vraiment très enraciné, aussi important que le Carnaval en Allemagne.
Mes dernières impressions du Québec: décollant la nuit d'Halloween, je vais rencontrer des tas de sorcières sur leur balai!
Samedi, c'est la journée portes ouvertes au Centre Est-Nord-Est. J. va faire une conférence sur son village d'origine et sa tradition de sculpture sur bois.Qui l'eût cru??Celui qui dit toujours qu'il ne parle pas français doit faire une conférence dans cette langue. ( J'ai été sollicitée pour être à ses côtés et traduire en cas de non-compréhension ou de malentendus entre public et conférencier) Il a fait cependant des progrès remarquables.
Quelqu'un déplore le manque de réaction ou d'interaction de mes lecteurs. Moi je suis un peu déçue aussi, sans en mettre des tartines , on peut se manifester de temps en temps, non?
Un échec? non, je me suis bien amusée à rédiger tout cela et ça a été un expérience nouvelle pour moi.
Mercredi 26 octobre.
Une Wohngemeinschaft!
Décidément, de l'auberge de jeunesse à la commune-colocation, je serai repassée par toute ma jeunesse ici. Rita a fait rage toute la nuit, notre troisième queue d'ouragan. Mais N. dit que c'est un temps NORMAL pour la saison. Donc ce matin, j'ai remis mon costume d'astronaute pour déménager, car il fallait d'abord ramener les vélos jusqu'au centre, ensuite N. nous a embarqués avec tous nos sacs jusqu'à la petite maison des artistes qui se trouve de l'autre côté de Saint Jean Port Joli sur Gaspé Est à 7 ou 8 kms du loft. Je n'ai pas répondu aux politesses mielleuses des proprios. Dans le Loft, on était en hauteur, au premier étage, ici on est à ras de terre. En bas, se trouve à droite la cuisine, à gauche, notre chambre, en face, la salle de bains avec plein de nouveaux robinets compliqués et inattendus, et en haut, les chambres de M. et S. Dans la cuisine, le bordel habituel d'une cuisine commune, une radio, une télé et une grande table sur laquelle j'écris, face au jardin jonché de feuilles jaunes avec toujours autant de vent fou dans les arbres. Notre chambre est petite, mignonne, avec deux fenêtres qui donnent sur le jardin. Le Fleuve est derrière, tout au bout du jardin, mais on ne le voit pas d'ici. Il paraît qu'il y a une falaise pour y descendre. S'il s'arrête de pleuvoir, j'irai jeter un coup d'oeil..
Je ne sais pas si je pourrais me réhabituer à vivre en communauté.De toute manière, je n'aurai pas besoin de le faire, puisque je pars bientôt.
Les jeunes quittent la Côte Nord, la Gaspésie, l'Abitibi pour étudier ou pour aller travailler, en général à Québec ou à Montréal. Les régions se désertifient. On peut les comprendre parce que ça doit être un peu longuet, les hivers d'ici.
C'est Radio Canada qui m'informe de tout cela, Radio Canada qui me tient compagnie, Radio Canada qui me manquera...
Jeudi 27
Première nuit dans la maison de bois des artistes. Les planchers, les plafonds grincent horriblement. Est-ce pour me préparer psychologiquement au retour dans mon appartement où je ne sais pas trop ce qui m'attend, le genre de voisin de dessus qui s'y est installé entre temps?
Des tas de pensées de retour parasitent ma tête. Je prononce soudain des choses comme : analyse grammaticale de textes - expression écrite - réunions pédagogiques...!?? J'avais oublié mon métier principal depuis juillet. Mais ici, un peu avec moi, beaucoup avec les autres, J. a appris beaucoup de français. (Même s'il dit "blé dingue" pour blé d'inde c.à.d. mais, il a un talent fou pour détourner les mots.)
Moi aussi j'ai repris contact avec le français d'une manière intensive, jouissive, inattendue. "Capsule linguistique": tous les midis à Radio Canada, c'est comme un médicament, ne pas oublier de prendre sa capsule. Hier : on ne dit pas "prendre une chance" (cf. anglais: to take a chance) mais prendre un risque. Et : quelle est la différence entre prendre un risque et courir un risque? voilà les choses que l'on apprend à Radio Canada. Mais je trouve que certaines expressions comme "prendre une marche" ou "avoir de la misère à faire quelque chose", ils devraient les garder parce que c'est marrant et que ça fait partie de leur identité.
Je me surprends aussi à dresser des listes de tout ce que je devrai faire immédiatement en arrivant chez moi. La réalité du "la-bas" s'immisce de manière de plus en plus intense et sournoise dans celle de "l'ici". Pourtant il reste encore quelques jours. Le vent s'est arrêté aujourd'hui. Wilma s'est calmée. Le ciel est gris-bleu et les arbres continuent de se dépouiller peu à peu. Comme "là-bas", je suppose. Il fait juste un peu plus froid et , des deux côtés du Fleuve on voit la neige, sur les petites cimes des Appalaches, sur les érables et au loin, sur l'autre rive du Charlevoie et des Laurentides. Tout est blanc, c'est très beau.
Ce soir, il y a un grand dîner à la maison des artistes. On attend une douzaine de personnes.Ce sera mon dîner d'adieu. S. a proposé une fondue bourguignonne. je suis chargée de la mayonnaise et j'ai déjà fait un pâté de saumon suivant la bonne recette que m'a donnée ma grande soeur :-). Mais j'ai omis les oeufs de lump en décoration, dont le prix, pour une raison mystérieuse doit s'aligner ici sur les cours de l'or. M. a fait son génial gateau à la carotte et J. se charge de la salade.
Donc, je m'en vais acheter de l'huile, de la moutarde et des oeufs.
A bientôt!

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Commentaires
T
Je vote pour le nouveau président Argentin! Il en faudrait plus, des comme lui. Le prix de l'essence, c'est pas humain. Il a augmenté de 25% en trois ans. Pas ce que je gagne. <br /> Je me déplace moins, trop cher. C'est sûrement mieux pour l'environnement. Pour la vie sociale dans mon coin, ça se discute. J'essaie de ne plus oublier le pain ou le sucre. Si j'oublie, je m'en passe jusqu'aux prochaones courses. <br /> Je mange moins bio, les marchés et coop sont trop loins. C'est moins cher pour ma bourse. Pas nécessairement meilleur pour l'environnement ou pour moi :)<br /> <br /> Chasseurs: ils tirent sur tout ce qui bouge ici, pas trop en l'air. Et moi, je fais joujou, je chasse leurs chiens qui viennent foutre la trouille à mes chats, en leur tirant dessus avec mon pistolet à amorces de farce et attrapes. C'est très rigolo.<br /> <br /> Grippe aviaire: ras le bol de l'alarmisme et du régne de la terreur. Mais pourquoi on nous fout en permanence la trouille? <br /> Derrière la campagne médiatique, je soupçonne des intentions politiques pas nettes... Pressions économiques contre la viande de volaille pas chère venue d'Asie? Reformattage de l'élevage concentrationnaire qui pollue tout chez nous? <br /> Et je repense aux milliers de bovins abattus et brûlés en Angleterre. Des bêtes saines pour la plupart. Pour éviter "l'épidémie" de vache folle... qui a tué un peu plus d'une centaine de personnes en Europe. <br /> La grande peste, elle a réduit la population de l'Europe au tiers de ce qu'elle était. Ca, c'est de l'épidémie. Mais 60 mort de (probable, c'est pas certain) grippe aviaire sur tout le continent asiatique, hein, faudrait pas se foutre du monde. <br /> OK, il y a un virus méchant côté bestioles. On prend des précautions, on fait le nécessaire, et on arrête de flanquer la trouille sans raison valable aux populations. <br /> <br /> La langue: prendre ou courir un risque. Me fait penser au sketche "Où courent-ils" de Raymond Devos. "Au lieu de faire leurs courses en courant, pourquoi ils font pas leur marché en marchant?"<br /> <br /> Le temps qui passe, l'avant, l'après, et le présent. La pensée de ce qui est à venir empiète sur le présent, et le gâche un peu. On est déjà plus là, déjà ailleurs dans sa tête. Faudrait pouvoir faire taire son imagination dans ces cas là, ne pas se projeter... Quand on est aussi loin que le Canada, on a des heures d'avion à meubler avec ce genre de réflexions sur le trajet de retour. Des fois, j'envie les chats, les bêtes et leur talent de prendre les choses comme elles viennent, au présent. Nous, on est tous pareils, à cheval entre plusieurs temps. Et ce qu'on es en train de vivre devient déjà regrets et nostalgie alors qu'on est encore dedans. C'est quand même ballot, non?<br /> <br /> Citrouilles: c'est un vieux truc païen, ça. Normal que les églises aiment pas trop. Mais c'est tant pis pour les grincheux. <br /> Ca marche tellement bien, cette fête, qu'en France, on l'a importée sans problème et dans l'enthousiame. Les jeunes et les enfants adorent. Au Super-U du coin, ils déguisent les caissières en sorcières, les mecs de la manutention et le chef des ventes en vampires. J'aime bien. Pendant une petite semaine, le supermarché, c'est la train fantôme. J'aime bien aussi. <br /> Bon, évidemment, c'est *aussi* un truc commercial inventé de toute pièce qui fait vendre du gadget horrifique. Bah, toutes les pièces ont deux côté. Pile je gagne, face tu perds. On se fait toujours avoir au sentiment.
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