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Le blog du Canada
7 octobre 2005

Le lundi 3 octobre, le Saint Laurent me léche les

Le lundi 3 octobre, le Saint Laurent me léche les pieds et il est même pas froid! On a peine à croire à se temps si chaud, à ce ciel uniformément bleu, tant de beauté, tant de douceur, tant de cadeaux, est-ce qu'on les mérite, faut-il les mériter, ou juste les accepter, accepter la beauté de la terre, comme une chance inexplicable? (Pour moi qui ne croit pas en un Dieu quelconque.) hier j'ai écouté J. Laguirand, ce gourou sympathique de Radio Canada. sujet : à quoi peut-on croire? Je ne crois pas à grand chose, sauf à une sorte de "panthéisme" qui fait que dans de telles situations dans la nature, je me sens totalement partie inhérente du monde , "une", unie, unifiée.
il est 17h 15, la marée va monter jusqu'à 18h. Un vol d'oies impeccablement rangée vient de traverser le ciel , soudainement mis en déroute par les coups de fusil de ces putains de chasseurs.
J'ai déjà changé trois fois de place pour ne pas me faire bouffer par les vagues, et ça monte toujours. Au soleil presque couché, la mer continue à m'attaquer. Je voudrais photographier un groupe d'oies , mais elles sont trop loin, ou bien dans le soleil. Hier Kamouraska, la semaine dernière, les chutes, mercredi, Québec ville, demain, lunch en commun au centre.
"Quand la vie est un collier
Chaque jour est une perle." (Prévert?)
Aujourd'hui, je pourrais photographier mon coucher de soleil, mais les petits nuages qui le rendent multicolores ne sont pas là.
M. dit samedi je donnerais bien ma vie, à laquelle je ne tiens pas beaucoup, pour sauver celle de mon grand-père qui a 80 ans et une terrible envie de vivre encore. J'essaie de dire qu'au fur et à mesure que l'on vieillit, on porte un regard différent sur la vie. Plus ses promesses deviennent dérisoires, plus on a envie qu'elles durent toujours. Je ne sais jamais quoi dire aux gens qui n'aiment pas la vie. Quoi dire d'intelligent.
Le corps, si âpre à ressentir toutes les écorchures, blessures, brûlures, bobos, chagrins, mais aussi : douceur du soleil sur la peau, caresses, sensualité, douceur, plaisirs de bouches, baisers, crevettes, tartes aux pommes, couchers de soleil, bruit d'eau et mouettes qui se balancent...
Le côté pile, le côté face, l'envers et l'endroit, le pur et l'impur, l'ombre et la lumière... un corps, une vie, dévastables, finissables...
Accepter, parce qu'il n'y a pas d'alternative?
Tant que le beau pèse aussi lourd que le moins beau.
Mon soleil tombe dans l'eau. Encore huit minutes de marée haute. Je vais remettre mes chaussures, mon gilet. je suis comme au bord de la Méditerranée. C'est fou.
Le 5 Octobre
Hier, nous étions inviter à "luncher" par No. qui nous avait préparé un genre de daube, boeuf-tomates-pommes de terre, délicieux. De la nourriture solide qui tient au corps En hiver, ce doit être indispensable pour résister aux moins 30 (moins 50 avec le "facteur vent")! J'avais fait une tarte aux pommes, mais au dernier moment je me suis rendu compte qu'il était absolument impossible de la transporter à vélo.. Heureusement, N. a proposé de revenir la chercher en voiture. La célébrité de ma tarte aux pommes, déjà réputée en Allemagne a maintenant franchi l'Atlantique! :-)
Pour luncher, on n'attendait plus que J., parti dessiner dans la nature et tardant à revenir. Il est arrivé tout essoufflé vers 13h. Son vélo avait de nouveau crevé dans un village du deuxième rang. Il veut dessiner et changer en sculpture des granges qui sont architecturalement splendides et dont les couleurs sont magnifiques. Alors il va demander la permission aux fermiers, puisque tout est privé, même la vue sur les granges. Mais comme je le dis toujours, les gens ici sont ouverts et accueillants. Le premier fermier lui avait fait cadeau d'un sac de pommes de terre, réclamant simplement qu'il écrive sur le dessin  qu'il s'agissait de "la ferme à Bourgault" au cas où il deviendrait célèbre! Le second élève des chevaux. J. lui a demandé une pompe pour regonfler son pneu, le fermier l'a invité à boire une bière (à jeun!), la fermière lui a raconté son voyage en Europe, Nice, Rome, la Suisse, Paris, qui lui ont laissé un souvenir extasié et inoubliable. Le fermier lui a montré son album de photos de chevaux et voulait absolument savoir quelles races on élevait en Europe. Mais J. n'en n'avait aucune idée et ne pouvait guère le satisfaire. Ils auraient aimé le retenir à dîner - tout est prêt, il n'y a qu'à passer à table-  Mais J. savait qu'on avait un dîner au Centre et pouvait difficilement se couper en deux. Il a donc remercié, regonflé son vélo qui n'a tenu qu'une partie de la route et est donc arrivé fort en retard. J'imagine la conversation difficile, mais le contact qui s'établit cependant entre J., qui baragouine tant bien que mal, et le québecois très prononcé des fermiers d'ici. Ce devait être rigolo. Mais après tout, au Népal on a bien dansé et bu du schnaps, raconté dieu sait quoi et bien rigolé avec les fermiers de l'Himalaya, quand la bonne volonté est là, la communication passe!
Le jeudi 6 octobre:
Hier voyage à Québec avec F. et ses deux enfants adorables. Les autres étaient partis avec N.On n'avait pas beaucoup de temps, à peine deux heures, mais F. nous a déposé dans la vieille ville et nous avons fait le trajet à pied jusqu'au musée de l'art contemporain du Québec où il y avait un vernissage le soir. On a eu une vue d'ensemble de la ville, le magnifique pont de fer sur le Saint Laurent, le chateau Frontenac, la rue Saint Jean, la rue Sainte Ursule, la côte de Salaberry, les remparts... Québec n'est pas aussi facile à déchiffrer que Montréal - toujours nord-sud ou est-ouest - Elle est partiellement bâtie sur un rocher, une partie est entourée de remparts et il n'y a pas beaucoup de portes, il y a la basse ville et la haute ville et les rues font des tournants1 La plus européenne sans doute de toutes les villes nord-américaines.
A 18h. nous avons rejoint le vernissage. Il y avait un monde fou dans le hall et J. a remarqué que les gens ressemblaient à ceux des vernissages en Allemagne. C'est vrai, il existe un type de femmes et d'hommes qui hantent les vernissages, une certaine manière d'être "chic" tout en ayant l'air bohème, manière de se saluer, de causer de tenir son verre , qui se ressemble partout . (Plus les étudiants en art et les artistes,  un peu plus dépenaillés et plus excentriques, que l'on reconnaît aussi assez vite en général, plus quelques "normaux"!.) C'étaient principalement des vidéos sur la forêt, la ville, l'importance des sons pour créer une atmosphère... et une girafe! par un artiste sud africain qui avait aussi fait une expo dans une galerie à Marseille, mais avec un éléphant, et des dessins critiquant la colonisation. On n'a pas eu le temps de tout voir et moi j'ai un peu de mal avec la vidéo.
On a aussi rencontré une dame artiste à Québec , amie d'Annette de F. qui nous a offert de dormir chez elle quand nous reviendrons à Québec, ce que nous ferons très certainement, on n'en a pas encore assez vu!
F. désirait rentrer tôt à cause des enfants, l'école commence à 8h. ici, et se termine à 3h. l'après-midi. On est donc vite allés manger une très bonne pizza, j'ai pu acheter le nouvel obs pour avoir des nouvelles de la France et un  autre magazine avec un dossier sur l'engouement actuel pour le Canada. F. nous a fait visiter un peu de la ville bynight, puis nous sommes rentrés à Saint Jean Port Joli.
Aujourd'hui il pleut et il fait gris, pas encore très froid, mais pas beau, j'ai donc le temps d'écrire un peu, ensuite il faut faire les courses à vélo et passer à la bibliothèque car la météo prévoit un week-end, pardon, une fin de semaine morose... il faudra quand même aller chercher ces rosés des prés en face de chez nous qu'on voit nous narguer depuis notre fenêtre!
Bye!

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Commentaires
T
Il est minuit ici... Le message est arrivé il y a une petite demi-heure, c'est magique :)<br /> <br /> Vieillir... Tiens, c'est bien chiant de ne plus rien voir de près sans mettre des lunettes. Mais finalement, quand on y réfléchit, métaphoriquement, ça fait sens. Tu vieillis, tu prends du recul, tu vois les trucs de plus loin, en perspective. <br /> <br /> Plaisir... Peut-être qu'on les apprécie davantage, les plaisirs de la vie, quand on a cessé de se croire éternel. Qu'on sait que ça ne durera pas toujours. Vieille et bien abimée, Colette racontait qu'elle voyait et goûtait un tas de choses qu'elle ne remarquait pas avant parce qu'elle allait trop vite. Même plus jeune et de loin, ça, je pouvais comprendre. Ca me parle.<br /> <br /> Temps chaud ici aussi. Ce matin, je serais presque allée me baigner... dommage que j'avais d'autres trucs urgents à faire. Demain peut-être, s'il fait toujours chaud. Marée haute à 9h 26. Pour 11h, ça le fait bien sur ma petite plage :)<br /> <br /> Chasseurs... On vient de couper le maïs, ça les rend fous. Ils tirent dans tous les coins. J'enferme les chats. <br /> Ce que je me demande, c'est où ils rangent leurs chiens le reste de l'année. Début septembre, tu sais pas pourquoi, des clébards que t'entendais plus depuis le printemps se mettent à aboyer chronique. L'ouverture de la chasse et les semaines qui suivent, c'est un vrai festival de chiens en concert. Et en plus, ils les perdent. Ca se calme au creux de l'hiver, quand le temps est trop crado. On les entends encore, on ne les voit plus, et les chasseurs non plus. Le printemps arrive, et c'est le silence des chiens jusqu'à septembre.<br /> Je pose la question depuis des années. On me dit "ils les enferments". Idiot. Ils sont tout le temps enfermés, ces clébards, sauf quand ils sont à la chasse. Mais qu'est-ce qui les empêche d'aboyer aux beaux jours? Ils pourraient râler qu'ils s'emmerdent, non? Je pige pas.<br /> <br /> Pas de champignons ici. Pas assez de pluie. C'est sec. Retour de Paris en train mercredi en fin de journée. La nature a soif, elle est bien abîmée. Ca me serre le coeur.<br /> <br /> Croire... à quoi? Je suis genre païenne. Je crois au soleil, aux arbre, à la mer, aux arcs en ciel... Je fais corps aussi avec la nature vivante.<br /> Mais elle souffre, et moi aussi.
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