Retrospective IIi
Le deux septembre
Le matin, on n'avait pas de quoi se faire chauffer un thé, mais à la reception il y avait heureusement des distributeurs de boissons chaudes. Beau soleil. Un petit "Chip-munk", un genre d'écureuil qui s'invite à notre table de déjeuner, grimpe sur nos chaussures et jambes de pantalon et emporte les miettes de gateaux qu'on lui donne pour les cacher dans les branches des sapins. J'adore ces petites betes gracieuses, agiles, rapides et curieuses.
Ensuite on replie tente et duvet et on continue le chemin jusqu'à Rivière Du Loup pour faire des courses, changer des chèques de voyage et prendre un café. On se gare devant la banque, toutes les places sont libres il y a un panneau de stationnement limité à une heure, mais depuis le PV injuste à 57 Dollars, je suis méfiante et un peu énervée parce que le moindre bled où il n' y a pas un chat et où on ne risque pas de géner en garant sa voiture, a mis partout des signes de stationnement réglementè, limité comme si on était en plein New-York. Je demande à un jeune homme qui passe si c'est OK de laisser la voiture là. Il me dit oui, oui pas de problèmes, c'est autorisé pour une heure. comme il n'y a pas d'horodateurs je demande : Mais comment il le sait, le policier, si on est là depuis plus d'une heure? Alors ça, c'est facile dit le jeune homme, il passe dans la rue et avec une craie, il fait une petite marque sur ton pneu arrière et sur le bord du trottoir et quand il repasse une heure plus tard il regarde si tu es toujours à la meme place, Je ne le croyais pas vraiment, mais en remontant la rue, on a vu la policière ou l'employée municipale dévaler la rue en s'agenouillant à coté de chaque voiture pour faire ses petits traits. Ça, ce sont des travaux d'utilité publique pour occuper la population! Passer sa journée à faire des génuflexions devant les voitures, c'est du sport, c'est au grand air et ça peut rapporter un peu d'argent.
Après, on a pris un café dans un petit café-restau très mignon, mais on a été bien déçus par le café. Moi, je voulais un express. La dame demande normal ou allongé? Prudente, j'ai dit :normal. Et J.? Un café "régulier". Corsé, léger ou raffiné? Perplexité... devant tant de choix à accomplir pour finalement obtenir : moi : un centilitre de café mauvais et trop fort et J. un demi-litre de café mauvais et jus de chaussettes. On a mélangé les deux, mais le résultat n'était pas terrible non plus. Bon, c'est pas le pays du café, ici. (Comme ce n'est pas celui du vin).
On a pique-niqué en bordure du Parc national du Bic. Pour y rentrer, il faut payer et on voulait pas payer pour une demi-heure. Ce rapport à la nature payante et à la propriété privée partout est un point qui nous fait raler dans ce joli Canada que nous trouvons par ailleurs plutot chouette.Nous qui avons l"habitude de trainer nos bottes partout (surtout J.) à travers champs, bois, ruisseaux, chemins, marécages et sentiers, qui passons nos étés à découvrir de nouveaux GR en France et de nouveaux circuits de ballades, imagine s'il fallait payer à l'entrée de chaque GR ou pour monter en Foret-Noire! La marche est un des rares sports qui ne demande aucun équipement, aucune investition , à part des chaussures. Quoique ils essaient un peu avec le "nordic walking" (que nous appelons "silly walking" en hommage au flying circus des Monty Python). Donc payer pour marcher ou pour voir une foret nous énerve un peu,mais nous trouvons une très jolie place non-payante en bord de mer, une mer qui porte des iles vertes minuscules plantées un peu partout qui me font vaguement penser à la baie d'Along au Viet-nam.
Continuant ensuite toujours à longer la cote jusque vers 5 heures nous arrivons vers Sainte Anne des Monts où se trouve la bifurcation qui va vers le Parc National de la Gaspésie. J'hésite à camper là, en bord de mer, car je sais que les nuits y sont fraiches et humides, meme si le temps est beau. Nous prenons donc la direction du Parc National et on commence à s'inquiéter un peu parce que c'est la rase campagne (enfin, non, plutot la moyenne montagne) et il n'y a plus un camping à l'horizon, C'est là que je me compare aux oies qui tournoient dans le ciel à la recherche d'un endroit où dormir quand le soleil s'incline. Puis, miraculeusement, on voit un panneau "Camping-pèche" , on s'arrete et deux petits garçons venus d'on ne sait où se précipitent vers nous pour savoir si on veut camper. Oui, on veut. C'est 20 Dollars et on peut aller où on veut, vu qu'on est les seuls... alors on descend jusqu'au lac et on reprend vite fait le rituel du montage de tente. je deviens peu à peu aussi rapide et efficace qu'une indienne :-) ! je cherche du bois pour le feu, il est toujours un peu mouillé mais on réussit quand meme à le faire bruler. J. est un expert en feu...Il y a deux barques sur le lac, dans l'une d'elles, deux personnes discutent, d'un l'autre, un pécheur boit de la bière. Ils pèchent jusqu'à ce que le soleil ait disparu. La nuit tombe, le feu s'éteint, je chante à J. la chanson du "come to the land where the flavor is". Les romantiques films publicitaires ne montrent jamais comment le froid monte et les moustiques des jolis lacs piquent au crépuscule...