31 janvier 2006
Renaître, bientôt
Volà plus d'un mois passé depuis Noel, un mois de silence, de bouche clouée, tant de choses pourtant qu'on pourrait chaque jour raconter... une chose que j'ai découverte pour de bon au Québec, c'est que je pourrais passer ma vie à écrire, c'est comme ca que je me sens le plus vivante.
Comme les événements de ma vie sédentaire et planquée en attendant que le froid décanille enfin, sont assez nuls, entre Noel et grippes, anniversaires en tous genres et boulot sans grande variation, je voudrais parler un peu de ce que j'ai lu, tapie dans mon grand lit en attendant le printemps...
D'abord "Les Italiques jubilatoires" que m'a prété Rachel. Un manuel d'écriture Zen d'une femme qui habite Taos au Nouveau Mexique, lieu qui m'avait fascinée en 1998 et que j'aimerais bien revoir. Le premier manuel d'écriture qui me plaise vraiment. Parce que pour moi, Tao, Zen et écriture ont toujours été étroitement liés. Ecrire pour dire le monde, tout simplement, parce que j'ai un stylo, que je suis témoin et que je l'aime , ce monde, même s'il est des fois pas trop joli.
Puis un texte dans le Monde Diplo Allemand. Un Prof qui a recu le prix Meister Eckart. L'article s'appelle " à propos de la mystique occidentale et orientale et de la tristesse supérieure" par Ernst Tugenhat.
Il explique la naissance du sentiment religieux, pour les premiers hommes confrontés au hasard et à la contingence desévénements: ne pas comprendre pourquoi certaine choses leur arrivent, donc s'imaginer qu'il existe une entité plus puissante, plus grande qu'eux qui "sait". Le sentiment mystique par contre, se construit à partir d'un état de concentration intense, de repos de l'âme, de recueillement en soi, allié à un sentiment de fusion avec le monde entier. Or, dit-il, il est tout à fait possible de séparer religion et mysticisme. Ce que je pense aussi, mais il le dit mieux que moi. Ro. et Yo. m'ont toujours reproché d'être une mystique sans religion, ce que j'assume parfaitement. il dit aussi que le mystique ressent toujours une certaine tristesse, parce que ca ne suffit pas de méditer et de se retirer dans le Nirvana, Bouddha insiste aussi sur la compassion, la pitié. On ne peut pas contempler ce monde et rester béat de bonheur en se prétendant illuminé et uni avec l'univers. On souffre aussi pour toute sa misère.
Enfin, plus terre à terre sans doute, je relis Les Liaisons Dangereuses et je m'interroge sur le libertinage. Préface de Malraux. Valmont et Merteuil sont libertins parce qu'ils sont intelligents et qu'ils ont la volonté de contraindre les autres grâce à leur intelligence.
Bof.
Hier, à la télé à propos de "Mozart libertin", interview de Millet et Sollers. Sollers , en résumé : quand moi je couche avec n'importe qui n'importe comment, c'est du libertinage, parce qu'il y a de la philosophie derrière. Mais quand Jean Dupont va faire des partouzes dans les campings ou les boites échangistes, c'est de la pornographie.
Rebof. Je saisis pas trop bien la différence.
Pourquoi, néanmoins, admire-t-on des personnages tels que Valmont ou Don Juan? Le côté fascinant, séducteur? On sait qu'ils mentent, mais on ne peut pas s'empêcher de les croire quand même, contre notre propre intelligence, contre notre volonté. Ils font voir des choses qui n'existent pas , mais qu'on a envie de voir quand même. Pourquoi Mme de Tourvel ne s'enfuit-elle pas? Dès le début, elle est vaincue, elle n'a aucune chance. On se demande seulement si elle va résister jusqu'`à l'aube, comme la petite chèvre de Monsieur Seguin.
Voilà. Hiver qui n'en finit pas, froid, grippes, No man's land où il se passe si peu de choses, sauf peut-être la beauté des promenades dans la neige Si forts, le bleu, le blanc, si intense déjà, le soleil sur la peau. Renaître, Bientôt.
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